La proprioception est la capacité, consciente ou inconsciente, de connaître la position exacte de son corps et de chacun de ses membres sans faire appel aux cinq sens habituels. Elle peut être considérée à ce titre comme un 6e sens. Elle est essentielle pour se déplacer, coordonner nos mouvements et rester en équilibre. Concrètement, elle permet par exemple, dans le noir, de marcher droit, de toucher son oreille, ou de lever le genou à angle droit.
Nos muscles, tendons et articulation sont dotés de récepteurs spécifiques (mécanorécepteurs). Ces récepteurs sont sensibles aux mouvements effectués par les muscles, tendons et articulations. Alliés aux capteurs cutanés des paumes de mains et des plantes de pieds, ils informent notre cerveau en permanence sur la position des différentes parties de notre corps et sur leurs mouvements. Notre cerveau, à partir de ces informations, peut alors réagir en contractant ou relâchant un muscle pour rétablir ou maintenir notre posture ou notre équilibre.
L’exemple type est la réaction reflexe remettant en position normale une cheville qui vient de se tordre suite à un faux mouvement pour éviter une entorse. Le cerveau a reçu des capteurs proprioceptifs et cutanés l’information de la position anormale de la cheville. Il réagit immédiatement en transmettant un ordre aux muscles concernés pour remettre l’articulation dans sa position initiale.
Il existe diverses raisons d’une altération du sens proprioceptif. Citons dans les plus courantes, les blessures articulaires de type entorses, une malformation (scoliose..), une pathologie neurologique (maladie de Parkinson..), une fatigue musculaire ou une diminution due au vieillissement. En cas de trouble proprioceptif, le corps n’est pas capable d’apporter l’action de correction nécessaire au maintien de l’articulation dans la bonne posture, ou au maintien de l’équilibre. Ce dysfonctionnement du sens proprioceptif est source de blessures (entorses..) ou de troubles de l’équilibre (risque de chutes.) et de la posture.
Le kinésithérapeute intervient lorsque les capacités proprioceptives sont altérées. La rééducation proprioceptive va permettre au patient de récupérer la proprioception du ou des membres concerné(s) par des exercices adaptés et évolutifs. Cette technique de rééducation s’exerce au travers d’un travail neuromusculaire par la stimulation des capteurs proprioceptifs couplée à un travail sur l’équilibre.
Les exercices de proprioception sont souvent faits sur un plan instable (type plateau de Freeman, Bosu, trampoline…) et sans contrôle visuel. Le but recherché sera l’automatisation de la correction d’une posture suite à une mise en instabilité d’une articulation ou d’un membre. Ce travail tend à garantir au patient sa sécurité dans les mouvements du quotidien et dans la pratique du sport et ainsi éviter les récidives.
Concrètement, le kinésithérapeute commence par une évaluation de la perte proprioceptive de son patient puis établit un programme d’exercices progressifs adaptés à la pathologie du patient et à ses aptitudes. Il va ainsi rétablir les capacités proprioceptives de son patient, puis les entrainer pour les automatiser.
Les exercices proprioceptifs sont souvent réalisés sur des coussins mous ou sur des plans instables. Plusieurs matériels de kiné sont utilisés pour cette technique :
C’est un gros ballon qui peut être utilisé dans le cadre d’une rééducation de la proprioception rachidienne (lombaire notamment). Le patient, assis sur le ballon, va pouvoir travailler sur un plan instable sa proprioception lombaire. On le trouve par exemple chez les marques Sissel ou MSD.
Il existe également des ballons plus souples et de taille variable permettant de travailler la proprioception des membres inférieurs debout sur un support instable, type balance trainer MSD ou Waff Medium Classic – WAFF
Ces deux accessoires kiné partent du même principe :
Créer un support instable grâce à une sphère ou ballon en contact avec le sol sur lequel le patient pourra travailler en sécurité (récupération de l’équilibre en posant le pied au sol). C’est le matériel kiné classique pour le travail proprioceptif d’une cheville ou d’un genou, ou l’amélioration de la proprioception chez un sportif. Ce sont des demi-ballons sphériques surmontés d’un plateau. La différence entre les deux est la matière due la demi-sphère. Pour un plateau freeman, elle est en bois, pour les dômes de proprioception, elle est en plastique plus ou moins gonflé. Le travail s’effectue partie sphérique au sol, patient sur le plateau, pour créer une instabilité nécessaire au travail de proprioception.
Citons pour le plateau freeman, celui de Gymstick, ou EAU-ME-BOARD Club Sport qui ajoute une difficulté supplémentaire avec l’ajout d’eau dans la sphère. Pour le dôme de proprioception, la souplesse de la demi-sphère va permettre de créer une instabilité plus importante et donc un exercice de proprioception plus développé. Le Bosu est en est l’exemple type, comme le Dynadôme – MSD.
Le trampoline est un appareil kiné classique dans les exercices de proprioception. Il est très apprécié des patients car il apporte une touche ludique au travail effectué. Il est utilisé pour la reeducation proprioceptive des membres inférieurs. Il présente l’avantage, par rapport à un plateau freeman ou dôme de proprioception, d’une meilleure maîtrise du mouvement et de son intensité par le patient. Ils existent en diverses tailles et élasticité. Citons à titre d’exemple les trampolines Trimlin ou Sveltus.
Ces ballons, lestés, sont un accessoire kiné qui apporte une difficulté supplémentaire au travail en plan instable. Le patient, en équilibre sur l’articulation à traiter, va pouvoir amplifier le déséquilibre et donc s’entraîner à le corriger en effectuant des mouvements avec ce type de ballon lesté en main (type Medecine Ball chez MSD ou thera band). On peut rajouter un contrôle visuel sur le travail avec le Fluiball – REAXING, ballon transparent rempli de liquide coloré, en demandant au patient de garder le liquide en permanence horizontal.
Il s’agit d’un appareil présentant une selle mobile en 3 D équipée de supports pour les jambes et de poignées. Il permet de développer le sens proprioceptif du patient. Celui –ci doit initier et contrôler les mouvements de la selle mobile, jambes suspendues (pas d’ancrage dans le sol). L’objectif étant d’obtenir un mouvement régulier et continu. Ce travail peut se faire avec ou sans contrôle visuel. Il est également possible d’effectuer un travail proprioceptif réflexe avec des élastiques ou des ballons.
Cet appareil de mobilisation active multi-plans permet un travail de coordination neuromusculaire du haut du corps par un travail de reprogrammation de la posture. Grâce aux appuis thorax et aux mouvements possibles de flexion, de rotation et de contraction, le patient pourra réapprendre la bonne posture à avoir pour, par exemple, soulever du poids (sacs de courses, objets lourds…). Ce travail va lui permettre de développer la proprioception rachidienne pour éviter les gestes du quotidien générateurs de lombalgies.
Le DPA Med de Satisform est un équipement innovant dans le traitement des troubles proprioceptifs. Il génère un mouvement en lemniscat sur les membres inférieurs. Ce mouvement permet d’effectuer un travail de dissociation des ceintures pelvienne et scapulaire. Il reproduit le mouvement naturel de la marche et facilite ainsi la récupération proprioceptive. Un travail actif du patient renforcera la reprogrammation neuromusculaire.
Imoove propose une plateforme motorisée directement inspirée du plateau Freeman. Elle permet une rééducation proprioceptive des membres inférieurs par un mouvement helisphérique qui créée une instabilité dans les 3 plans. L’intensité des mouvements induits est réglable pour s’adapter à la pathologie, aux aptitudes du patient et aux objectifs de récupération proprioceptive. HUBER est une plateforme motorisée sur plusieurs axes, connectée et dotée de capteurs de force. Elle permet un travail proprioceptif précis et progressif, adaptable à chaque pathologie.
Crédit photo : freepik.com